Voyage à travers le temps : l’évolution des musiques traditionnelles en Auvergne et Rhône-Alpes
16 février 2025
16 février 2025
La musique traditionnelle en Auvergne et Rhône-Alpes trouve ses racines dans une culture paysanne profondément ancrée. Pendant des siècles, les mélodies étaient indissociables des activités de la vie quotidienne. Que ce soit pour rythmer le travail aux champs, célébrer une moisson fructueuse ou accompagner des rites de passage, la musique jouait un rôle essentiel dans le tissu social et culturel local.
Le patrimoine musical de ces régions s’appuie avant tout sur une riche palette d’instruments traditionnels :
C’était dans les fêtes locales, les mariages et les veillées que ces instruments se mêlaient avec les voix pour raconter des récits ancrés dans le quotidien. Le répertoire chanté variait selon les dialectes des différentes aires géographiques, qu’il s’agisse de l’occitan auvergnat ou du francoprovençal rhônalpin.
Avec l’industrialisation au XIX siècle, puis l’exode rural qui suivit, le contexte social et musical changea radicalement en Auvergne et Rhône-Alpes. Mais loin de disparaître, la musique traditionnelle trouva de nouvelles formes d’expression.
Un moment clé de cette évolution est l’émergence des fameux bals auvergnats à Paris, animés par des musiciens émigrés venus chercher du travail dans la capitale. Ces bals, particulièrement populaires à la fin du XIX et au début du XX siècle, révélaient une musique enracinée dans les territoires mais modernisée par l’ajout de nouveaux instruments, comme l’accordéon chromatique. Ainsi, les Auvergnats en exil conservèrent leur identité musicale tout en créant des passerelles avec d’autres traditions régionales.
Parallèlement, le XIX siècle vit l’essor du mouvement folkloriste, porté par des collecteurs passionnés tels que Félix Arnaudin ou Joseph Canteloube. Ce dernier, compositeur originaire de l’Auvergne, se fit l'écho des chants populaires dans ses célèbres « Chants d'Auvergne », œuvres de musique classique inspirées par des mélodies traditionnelles. Ces collecteurs enregistrèrent, retranscrivirent et sauvegardèrent un patrimoine sonore menacé par l’urbanisation et les mutations sociales.
Dans les années 1960 et 1970, une vague de renouveau portée par des mouvements folk redonna vie aux musiques traditionnelles en France, et particulièrement dans les régions d’Auvergne et de Rhône-Alpes. Avec la crise identitaire des campagnes désertées et la quête d’une authenticité perdue, de nombreux jeunes engagés dans cette redécouverte se tournèrent vers les pratiques musicales d'autrefois.
Durant cette période, les associations et groupes de musique jouèrent un rôle fondamental. Des collectifs tels que Lo Jai ou Le Trio Violon s’attachèrent à remettre au goût du jour des morceaux anciens, tout en renouvelant leur approche. La danse, notamment celle des bourrées à trois temps, réinvestit les scènes et les parquets, devenant un élément central des fêtes populaires.
Tandis que la tradition musicale s’était historiquement transmise de manière orale, cette période vit la fondation d’écoles et de stages consacrés aux musiques traditionnelles. Par exemple, le Centre Musique et Danse Traditionnelle d'Auvergne (CMDTA) devint un lieu de transmission et d’expérimentation qui permit à une nouvelle génération de musiciens de s’approprier cet héritage.
De nos jours, les musiques traditionnelles d’Auvergne et Rhône-Alpes continuent d’évoluer, écho d’un dialogue constant entre passé et présent. Nombreux sont les artistes qui mêlent instruments ancestraux et sonorités modernes, refaçonnant les contours de ce patrimoine pour le rendre accessible à de nouveaux publics.
Certains groupes comme La Machine ou Sidi Wacho explorent les croisements entre musique trad et influences variées comme l’électro ou le rap. La vielle à roue trouve sa place dans des arrangements audacieux, mêlés parfois à des basses électroniques, offrant à l’auditeur une expérience musicale unique où se répondent traditions et innovations.
L’autre signe fort du dynamisme de ces musiques réside dans les festivals qui les mettent en lumière. Des événements comme le Festival International de Musique Traditionnelle du Puy-en-Velay ou la Saint-Chartier attirent un public toujours plus large autour de concerts, bals et ateliers. Ces rassemblements témoignent de la capacité de ces musiques à fédérer des générations et des sensibilités variées.
L’évolution des musiques traditionnelles d’Auvergne et de Rhône-Alpes raconte bien plus qu’une histoire sonore : elle incarne le passage des saisons, la mémoire des générations et le lien indéniable entre les hommes et leur territoire. Si ces mélodies survivent encore aujourd’hui, c’est qu’elles ont su se transformer sans perdre leur âme. Telles des rivières serpentant entre collines et montagnes, elles trouvent toujours un chemin, emportant avec elles la trace d’un passé qui résonne dans l’avenir.
Et vous, quelle place ces musiques trouvent-elles dans votre quotidien ? Plongez dans ce riche univers, réécoutez-les, dansez-les, ou mieux encore, laissez-vous inspirer pour les réinventer.